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Sommet pour l’action sur l’IA 2025 : bilan et perspectives

Margaux Montagner
Published on
18/3/2025
Retour sur les Initiatives, annonces et impact du Sommet sur l’IA dans le marketing digital et au-delà

Le Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle (SAIA) s'est tenu à Paris du 6 au 11 février 2025, réunissant des représentants de plus de 100 pays, ainsi que des leaders de l'industrie, des experts et des chercheurs en intelligence artificielle (IA). Co-présidé par la France et l'Inde, cet événement avait pour objectif de renforcer la coopération internationale et de promouvoir une IA éthique, inclusive et au service de l'intérêt général. Mais concrètement, qu’est-ce qui s’est dit, et quel bilan retirer de cette première édition ?

Chez fifty-five, nous travaillons avec l’IA traditionnelle et l’IA générative depuis des années, avec plusieurs cas d’usage testés et implémentés à notre actifs  :  une plateforme d’optimisation de campagnes nourrie par l’IA pour Bayer, un “Shazam” culinaire pour Chronodrive, un perfecteur de flux de produits pour Salomon… Une expérience riche, qui nous a permis d’élaborer un livre blanc, pensé pour aider les organisations à adopter l’IA de façon réfléchie, pragmatique et efficace. Vous pouvez le télécharger ici.

Combinée à notre expertise data, cette expérience nous offre un point de vue unique sur les développements observés lors du SAIA 2025. Découvrez notre analyse du Sommet pour l’action sur l’IA et de ses conséquences pour l’intelligence artificielle en entreprise en France et au-delà ci-dessous. 

Quels étaient les objectifs du Sommet sur l’IA de Paris ?

Organisé dans la capitale française sur deux jours, le SAIA visait à :

  • Encourager la coopération internationale dans le développement et la régulation de l'IA, un enjeu particulièrement critique au vu de la prolifération des modèles.

  • Promouvoir une IA éthique et responsable afin de garantir le respect des droits fondamentaux et de la vie privée, un sujet au cœur des discussions en Europe.

  • Débattre des implications socio-économiques de l'IA, notamment sur l'emploi et les compétences.

  • Favoriser l'innovation et le partage des connaissances entre les différents acteurs du secteur.

Qui a participé au Sommet ?

Le sommet a réuni :

  • Des délégations gouvernementales de plus de 100 pays, incluant des nations au premier plan de la tech comme la Chine, l'Inde, le Japon et les pays de l'Union européenne, mais aussi les Etats-Unis et le Royaume Uni, notables pour leur refus de souscrire au partenariat global pour une IA “éthique” (voir détails plus bas).

  • Des représentants d'organisations internationales, dont l'Union européenne et la Commission de l'Union africaine.

  • Des entreprises technologiques majeures, comme OpenAI, qui a annoncé l'ouverture d'un bureau à Paris avant la fin de 2024, renforçant ainsi la position de la France dans le domaine de l'IA.

  • Des chercheurs et experts en IA, venus partager leurs perspectives sur les avancées technologiques et les défis éthiques associés.

Quels ont été les principaux sujets abordés lors du Sommet ?

IA éthique et gouvernance des données

Une grande partie des participants a souligné l'importance d'une IA développée de manière éthique, qui respecterait à la fois les droits humains et la vie privée – des discussions qui ont encore renforcé la nécessité d'une data gouvernance solide pour assurer la transparence et la responsabilité des systèmes d'IA. 

Implications socio-économiques de l'IA

Les débats ont également porté sur l'impact de l'IA sur l'emploi, la nécessité de requalifier la main-d'œuvre pour une adoption fluide de ces systèmes et les opportunités économiques offertes par l'innovation technologique.

Innovation et culture

Le rôle de l'IA dans la promotion de la culture et de la créativité a été exploré, mettant en avant des initiatives utilisant l'IA pour enrichir les expériences culturelles.

Gouvernance mondiale de l'IA

La nécessité d'une coopération internationale pour établir des normes et des réglementations harmonisées, garantissant une utilisation bénéfique de l'IA à l'échelle mondiale, s’est retrouvée au cœur de nombreuses discussions.

Les accords et déclarations significatives du Sommet pour l’action sur l’IA

Parmi les résultats notables du sommet, nous retenons l’adoption d'une position commune par 60 pays (dont la Chine, l’Inde et le Canada) l'Union européenne et la Commission de l'Union africaine en faveur d'une IA ouverte, inclusive et éthique. Notons toutefois que les États-Unis et le Royaume-Uni n'ont pas adhéré à cette initiative, le vice-président américain JD Vance critiquant une “régulation excessive” de la technologie.

À retenir également : le lancement de la fondation "Current AI", conçue pour promouvoir une IA responsable. Dotée d’un fond initial de 400 millions d’euros, son objectif de financement est fixé à 2,5 milliards d’euros. 

Que retenir du communiqué de presse officiel ?

Le communiqué de presse officiel met en lumière :

  • Des engagements financiers significatifs de la part de plusieurs pays pour soutenir la recherche et le développement en IA. Au total, 109 milliards d'euros d'investissements ont été annoncés, reflétant une course mondiale pour le leadership en IA.

  • Des initiatives pour renforcer la protection des données, avec la collaboration de cinq autorités de protection des données pour une gouvernance renforcée de l'IA.

  • La signature d'une charte éthique de l'IA par la France, la Chine et l'Inde, établissant des principes directeurs pour le développement et l'utilisation responsables de l'IA.

L’impact potentiel du Sommet sur le marketing digital

Les avancées en IA présentées lors du sommet pourraient avoir des implications majeures pour le marketing digital. En effet, l'intégration de l'IA, notamment l’IA générative, dans le marketing digital offre des opportunités significatives, notamment en matière d'automatisation, de personnalisation et d'analyse prédictive. Parmi les cas d’usage qui ont déjà commencé à émerger, les entreprises peuvent tirer parti de l'IA pour créer des expériences client hyper-personnalisées, optimiser leurs campagnes publicitaires en temps réel et anticiper les tendances du marché. 

Chez fifty-five, nous avons identifié 6 cas d’usage majeurs en termes d’IA générative :

  • Data analytics
  • Data intelligence
  • Gestion du changement
  • Vérification de taxonomie des campagnes média
  • Optimisation des flux de produits
  • Production de contenus

Pour soutenir le développement de l’IA en entreprise, l’équivalent de milliards d’euros d’investissements a été annoncé, dont un plan de 200 milliards d’euros par l’Union européenne. Cette volonté d’investir promet un développement contenu de cette nouvelle technologie, dont “le leadership mondial est toujours à saisir”, selon la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen. Parallèlement, les Etats Unis avaient annoncé le plan “Stargate” fin janvier, dont les investissements s’élèveraient à 500 milliards de dollars.

Cependant, ces avantages s'accompagnent de défis importants, tels que la protection des données, la transparence des algorithmes et la lutte contre les contenus biaisés. En effet, les modèles d’IA reflètent les biais présents dans les données utilisées pour les entraîner; ils ne peuvent donc pas être entièrement objectifs. 

Côté consommateurs, beaucoup restent inquiets et frileux vis à vis de l’IA, sceptiques face à l’utilisation des données, le véritable potentiel de cette technologie, la possibilité qu’elle mène à la suppression d’emplois…Les marques doivent donc naviguer entre innovation et régulation pour maintenir leur confiance tout en exploitant le plein potentiel de l'IA. C’est là que l’impératif d’une adoption responsable de l’IA s’impose d’autant plus.

Et pour une adoption responsable de l'IA, les entreprises doivent également faire face à des enjeux tels que la dépendance aux grandes plateformes technologiques et l'impact environnemental de l'IA. Nous apportons actuellement les dernières finitions à notre nouvel ebook, rédigé avec le Brandtech Group, dédié à ce sujet. Suivez-nous sur Linkedin pour être prévenu dès sa sortie – vous pouvez également consulter nos livres blancs consacrés à l’empreinte carbone des campagnes marketing, ainsi qu’à celle des sites web et des outils de mesure.

Enfin, la nécessité de respecter les réglementations sur la vie privée, comme le RGPD, et de garantir une explicabilité des algorithmes est également cruciale pour renforcer la confiance envers l’IA. Dans ce contexte, il est essentiel pour les entreprises de trouver un équilibre entre l'exploitation des opportunités offertes par l'IA et le respect des principes éthiques et réglementaires. Mais si l'intérêt public a souvent été au cœur des discussions tout au long du Sommet, et qu’un accord a été atteint pour une IA plus éthique par une majorité de participants, il n’a pas abouti à un accord commun sur des mécanismes de responsabilisation en cas de non-tenue des engagements du SAIA par les géants du numérique, ou de mise en place de seuil de risque pour les systèmes d’IA à ne pas dépasser. 

Les conclusions de notre expert Tiyab K. sur le Sommet de l’IA

Si l’IA générative a démocratisé l'intelligence artificielle en 2023 avec ChatGPT, la véritable avancée n'était pas seulement la technologie elle-même, mais son accessibilité—l'IA est alors passée du back-office directement aux utilisateurs, créant un niveau d'engagement sans précédent entre le grand public et les technologies informatiques avancées. Et jusqu’à 2024, les entités américaines ont dominé le secteur—tant les startups que les géants de la technologie. 

Mais le paysage a radicalement changé avec les percées de la Chine fin 2024 et début 2025 : Qwen, Deepseek et Deepseek R1 ... La principale compétition technologique se joue désormais entre la Chine et les États-Unis, et non pas entre l'Europe et les États-Unis, reflétant les tensions géopolitiques existantes dans le domaine technologique. Cette dynamique peut aider à expliquer le refus de Washington d’accepter toute régulation qui pourrait freiner ses avancées et éroder encore sa position concurrentielle, comme démontré lors du Sommet..  

Ces développements, combinés avec la nature de la nouvelle administration américaine et son investissement annoncé de 500 milliards de dollars dans l'IA, ont contraint les acteurs européens à reconnaître l'IA comme un atout géostratégique majeur. Le concept de l’IA en tant que soft power est en train d’émerger, illustré par les différentes idéologies véhiculées par les modèles, le contrôle stratégique du gouvernement américain sur les exportations de GPU NVIDIA et ses restrictions à venir sur l'accès des entreprises étrangères aux technologies de l'IA ; la gouvernance technologique devient ici indissociable des stratégies de sécurité nationale et de domination économique et idéologique.

L’avantage phare des Etats-Unis en matière d’IA reste son écosystème d'IA, établi tôt grâce à l'alignement stratégique des géants de la technologie (Les “Magnificient 6” de l'IA, soit Alphabet, Meta, Apple, Nvidia, Microsoft et Amazon) et leur soutien aux startups d'IA à travers financement et accès à l'infrastructure informatique nécessaire pour évoluer (partenariats OpenAI-Microsoft, Anthropic-AWS, Gemini-Google). La Chine a poursuivi un modèle différent mais tout aussi efficace, avec une direction gouvernementale pour assurer la cohésion des initiatives et fournir les ressources nécessaires afin de développer des entités compétitives, dont Deepseek et Manus Ai, qui peuvent défier la domination américaine. Cette approche guidée par l'État s'est révélée remarquablement efficace pour concentrer les ressources et l'attention stratégique. 

L'Europe, cependant, fait face à un déficit d'écosystème. Bien qu'elle excelle dans les secteurs du luxe et prochainement de la défense, l'Europe ne possède pas l'écosystème technologique interconnecté qui serait nécessaire au développement de l'IA, où les fournisseurs de plateformes offriraient infrastructure et accès, tandis que les participants de l'écosystème contribueraient par des innovations spécialisées. Ni un mandat gouvernemental ni la pure concurrence de marché ne peuvent à eux seuls reproduire cette relation synergique—elle nécessite une coordination poussée entre politiques publiques, entreprises privées, recherche académique et innovation entrepreneuriale. 

La stratégie IA de l'Europe doit donc se concentrer non seulement sur le développement de modèles compétitifs, mais aussi sur la culture de cet écosystème plus large de participants interconnectés pour faire avancer l'innovation à un rythme qu'aucune entité unique ne pourrait atteindre indépendamment.

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